lundi 5 septembre 2011

Welcome back!

« Bonjour, bienvenue à bord », me dit l’hôtesse de l’air, toute souriante, avec un accent familier.


Ça faisait drôle à entendre.


J’allais devoir peu à peu réhabituer mon oreille engourdie à cette sonorité bien de chez nous.

J’avançai dans l’allée en quête de mon siège.  Une dame était en train de placer son sac dans le compartiment à bagages.

« Voyons! Ça rente pas cette patente là, coudons. », dit-elle en riant.

Je ne pu m’empêcher de sourire, je me rendis compte que toute une réadaptation de langage m’attendait. Voyant qu’elle me bloquait le passage, elle s’excusa et me pria de passer avec un sourire.

« J’ramène trop de vin », s’expliqua-t-elle en rigolant. « C’pas de ma faute s’ils en font du si bon! ».

Je continuai mon chemin, n’étant plus habituée aux échanges entre inconnus, puis pris finalement place dans mon siège, au milieu de l’appareil.

D’ici quelques heures, nous retournerions à notre ancienne vie.

Je regardai mon amoureux, il semblait lui aussi un peu nostalgique.

Malgré tout ce que j’avais pu dire de la vie parisienne, je ne pouvais m’empêcher d’avoir le cœur gros.

Je savais qu’une fois l’avion décollé, je ne verrais plus ces magnifiques monuments et ces musées impressionnants. Je ne goûterais plus à d’aussi bons pains au chocolat et ne trouverais plus de baguettes fraîches à tous les coins de rue. J’irais moins au théâtre et ne prendrais que rarement un expresso en terrasse.

J’étais en train de me dire qu’au fond, j’avais vraiment apprécié la vie parisienne, quand mon voisin arriva.

 « Putain! Mais où est-ce que je vais ranger mon sac? », grogna-t-il en s’apercevant que le porte-bagage était déjà plein.

Une hôtesse vînt l’aider avec une patience que j’admirai, puis sans la remercier, il prit place à côté de moi, débordant généreusement sur mon accoudoir.

Trente secondes à peine après s’être installé, il lança un profond soupire.

« Qu’est-ce qu’il fait chaud, ici! », se plaigna-t-il bien fort.

« Je n’ai aucune place pour les jambes. », grogna-t-il de nouveau.

Je le fixai un instant, soulagée.

Ma nostalgie s’était soudainement complètement évaporée.

« Merci monsieur! », lui dis-je, tout sourire.

Maintenant, je n’avais plus qu’un seul désir : rentrer chez moi!



©Marilyn Préfontaine