lundi 12 septembre 2011

Épilogue

« Je m’appelle Monique, je vais être votre serveuse pour la soirée. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites-moi signe ».

Assise à la table du restaurant, je ne pus m’empêcher de sourire en entendant cette formule que j’avais presque oubliée. Le souvenir des serveurs parisiens qui me regardaient à peine pendant que je leur dictais ma commande était soudain bien lointain.

Cela faisait un mois que nous avions retrouvé notre vie d’avant.

Rien n’avait changé ou presque.

La vie de nos amis et de notre famille avait certes, avancé d’un an, mais le reste s’était figé dans le temps, comme si tout avait était mis sur pause pendant notre absence. Nous avions pu tout recommencer, comme nous l’avions laissé, même si j’avais le sentiment d’avoir perdu une partie de mon identité. Alors que là-bas, j’étais « la Québécoise » partout où j’allais, ici, j’en étais une, parmi tant d’autres.

J’avais toutefois eu du mal à me réadapter à notre accent et à notre culture.

Les premiers jours avaient été étranges.

Entendre des « s’cuse-moi» plutôt que « pardon» m’avait fait sursauter, j’avais encore un peu de difficulté à me faire tutoyer par les vendeurs dans les magasins, mais j’étais heureuse de pouvoir à nouveau sourire à une personne qui promène un bébé sans me faire prendre pour une dingue.

Nous avions aussi dû diminuer notre quantité de vin. Habitués à ne payer qu’une poignée d’euros pour une bonne bouteille, allonger 20 dollars trois à quatre fois par semaine nous avait paru assez dispendieux.

J’étais contente de commander un café et de le recevoir dans une grande tasse et de pouvoir à nouveau faire des courses le dimanche après-midi.

À la fin du repas, je demandai la « facture » et non « l’addition ». Il me prit quelques minutes pour réaliser qu’il n’y avait pas d’erreur sur celle-ci et pour me rappeler que les taxes étaient toujours calculées en surplus ici.

Nous quittâmes le restaurant, sous le sourire des employés.

À peine après avoir fait quelques mètres sur le stationnement, la serveuse sortit et nous interpella.

« Excusez-moi, je crois que vous avez oublié quelque chose.», cria-t-elle.

Je regardai mon amoureux, surprise. J’avais bien ma « sacoche» et mon manteau.

« Non, nous avons tout, merci!»

Je me retournai vers mon amoureux.

« Tu vois comme ils sont gentils ici, ça me manquait. Personne n’aurait fait ça à Paris.», lui dis-je tout bas.

La serveuse me regarda avec un air familier, un de ceux que nous recevions lorsque nous commettions une bévue grave aux yeux des Parisiens.

« Vous n’avez pas laissé de tip ». 1

Oups…

1.     En France, le pourboire est toujours inclus dans l’addition. 

©Marilyn Préfontaine 
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