lundi 1 août 2011

Bisous bisous


« Allo! »

Oups, c’était vrai, aussitôt dit, je voulus le retirer. « Allo » était réservé aux conversations téléphoniques et tout comme mon « bon matin », il suscitait toujours quelques sourires lorsqu’ils sortaient de ma bouche.

Nous avions été invités à l’anniversaire d’un copain français.

Smack! Smack!

C’était coutume ici, que vous ayez vu la personne la veille ou il y a deux semaines, les becs étaient de mise à tout coup.

Bien que la tradition soit de plus en plus répandue de notre côté de l’Atlantique, il y avait certaines différences auxquelles j’avais de la difficulté à m’adapter. Tout d’abord le côté. Chez nous, il était d’usage de tendre la joue gauche d’abord, alors qu’ici c’était l’inverse. Il n’en fallait pas plus pour risquer d’être un peu trop intime. Et le nombre! Cela devenait compliqué, car si certains se limitaient à deux, d’autres en donnaient trois et quelques-uns se rendaient jusqu’à un interminable quatre bisous, tout dépendait de la région dont ils provenaient. Il était toujours aussi étonnant pour moi, Nord-Américaine, de voir deux hommes pratiquer la bise avec aisance.

Il faut dire que les Français avaient quand même plus de pratique, car il était d’usage, chaque matin, de faire une tournée générale et de faire la bise ou de serrer la main aux collègues de travail.

« Bonne fête! », lançai-je joyeusement au fêté.

Une fois de plus, je vis ce petit sourire qui voulait dire que je m’étais mis les pieds dans la bouche.

Il n’en fallut pas plus pour qu’il m’explique que ce n’était pas sa « fête », mais bien son « anniversaire », fête voulant dire la journée du saint auquel notre nom appartient.

« Je t’en sers? », me dit notre hôte en désignant une pizza recouverte de délicieux fromage fondant.

« Une toute petite pointe », répondis-je, incapable de résister.

Esclaffement général.

« Une pointe! Que vous êtes drôles les Québécois! »

Je compris que c’était plutôt une « part », ce qui sonnait tout aussi drôle à mon oreille.

Je lui tendis alors la carte d’anniversaire et au moment même où je la laissais filer entre mes doigts, je me rendis compte que j’avais peut-être commis une autre erreur. 

Sans même réfléchir, j’avais agrémenté ma signature par des symboles tout à fait conventionnels chez nous, mais qui, quand on y pensait bien, pourraient rapidement porter à confusion ici.

Au lieu d’inscrire tout simplement « Bisous », j’avais mis XXX. 

©Marilyn Préfontaine