lundi 25 juillet 2011

Laver, laver!

« Ouf ! Terminé! », lançai-je à moi-même avant de me laisser tomber sur le canapé-lit.

Nous n’avions peut-être qu’un minuscule studio de 25 mètres carrés, mais faire le ménage était tout aussi épuisant que de courir un marathon.

J’exagérais à peine…

J’avais commencé par passer le balai dans chaque recoin de l’appartement. Vu la superficie, nous avions convenu, à notre arrivée, que l’achat d’une balayeuse était totalement superflu. Puis, nous avions pensé, en toute innocence, qu’un simple petit porte-poussière suffirait. Il ne m’avait fallu qu’une seule journée pour constater l’urgence de se procurer un balai.

Alors qu’au Québec, nous pouvions très bien nous contenter de passer l’aspirateur une fois par semaine, ici, il était tout juste vivable de sauter une journée. La poussière entrait constamment de partout et se régénérait toute seule. Je voyais si souvent des mousses rouler sur le sol, que je finissais par me croire en plein Far West. 

Le fait qu’il n’y avait pas de moustiquaire sur les fenêtres ne devait pas aider ma cause. D’ailleurs, je n’en avais pas vu un seul sur aucune fenêtre qui avait croisé mon chemin. Seuls, ces gros volets en métal blanc semblaient jouer le rôle de protection, avec le léger inconvénient qu’une fois fermés, on ne voyait pas l’extérieur!  Donc, dès qu’on souhaitait respirer l’air frais, ce n’était pas sans lancer une invitation en grandes pompes aux moustiques, mouches et abeilles du quartier.  Par le fait même, la poussière pouvait allègrement s’immiscer à la fête elle aussi.

Une chance, tout le moins, que nous avions gardé notre habitude québécoise consistant à se déchausser avant d’avancer plus loin que le tapis d’entrée. Coutume que nos copains français trouvaient étrange lorsqu’on leur rendait visite. Vu l’état des trottoirs parisiens et tout ce qu’on pouvait y trouver, il était hors de question de marcher avec mes chaussures à l’endroit même où je déposais mes pieds nus chaque matin.

J’avais aussi dû laver la vaisselle de la veille en plus de celle du petit-déjeuner jusqu’à ce que mes doigts soient complètement ratatinés. Je n’aurais pas cru avant mon départ que mon lave-vaisselle ferait partie des choses qui me manqueraient le plus de chez moi!

C’était sans compter la douche dans laquelle le calcaire présent dans l’eau de paris prenait plaisir à s’imprégner dans la céramique et les vitres.  À chaque fois, je devais m’armer de courage et d’une bouteille entière d’anticalcaire!

Après avoir tout récuré, je décidai de me récompenser et m’offrit une petite escapade dans les rues parisiennes, non sans m’arrêter au passage pour m’acheter un délicieux pain au chocolat.
Je revins quelques heures plus tard, reposée. Je poussai la porte de l’appartement pour y trouver…

Mon copain, le balai dans les mains.

« Surprise! J’ai fait le ménage! Regarde toute la poussière que j’ai amassée!»


©Marilyn Préfontaine