lundi 18 juillet 2011

Sans filtre


« Putain! Mais j’en ai marre! », hurlait une jeune femme dans la vingtaine, complètement hystérique alors que nous sortions de l’appartement le matin du 14 juillet.

Classique.

Elle se plaignait à voix haute du fait que plusieurs rues étaient fermées en raison du défilé militaire qui avait lieu au moment même.  

Ce qui me fascinait avec les Français, principalement les Parisiens, c’est qu’ils avaient du mal à garder leurs pensées pour eux. Ils n’avaient tout simplement pas ce petit filtre, que nous, Nord-Américains possédions en grande majorité. Si quelque chose les dérangeait, et Dieu sait qu’une simple petite chose les rendait à bout de nerfs, ils se devaient de le partager avec tous ceux qui croisaient leur chemin.

En revenant du défilé où nous avions pu regarder parader fièrement plusieurs corps militaires, nous nous heurtâmes à des policiers qui nous bloquèrent poliment l’accès à notre chemin habituel qui menait jusqu’à notre rue. Ils nous demandèrent gentiment d’emprunter la rue voisine, un détour d’à peine quelques mètres. 

Un homme, qui venait d’essuyer le même refus, s’énervait. 

« Mais ce n’est pas possible! », lançait-il, furieux, tout en recherchant un signe de compassion de notre part.

Le soleil rayonnait dans le ciel bleu, la température était clémente, nous étions en congé, ces deux minutes de plus ne nous dérangeaient pas le moins du monde.

Nous empruntâmes donc la rue voisine, le sourire aux lèvres, suivi par l’homme enragé.
Nous croisâmes son regard.

« Mais pourquoi vous souriez bêtement, vous? », nous demanda-t-il à la volée.

En soirée, nous décidâmes d’aller voir le légendaire feu d’artifice qui avait lieu près de la Tour Eiffel. Voulant éviter les bains de foule, nous optâmes pour Place de la Concorde où nous pouvions aisément nous asseoir sur une rambarde. Toutefois, lorsque les feux débutèrent, nous ne vîmes que quelques brefs éclats ici et là. Tout autour de nous, c’était la protestation.

« Mais on ne voit rien bordel! »

« Qu’est-ce que c’est que ces feux, ils coûtent des fortunes et il faudrait se rendre au pied, c’est un scandale », rugissait une femme mi-quarantaine.

Nous nous regardâmes et décidâmes de nous rendre juste un peu plus près, tout simplement pour éviter que les arbres nous obstruent la vue.

Nous arrivâmes jusqu’au Pont Alexandre III, d’où nous avions une magnifique vue, juste à temps pour le bouquet final; des feux d’artifice éclataient partout pendant que la Tour reine scintillait.

Majestueux!

Nous n’entendions pas la musique de là, mais une trame de fond tout aussi parisienne jouait dans nos oreilles pour nous rappeler que nous étions bien en train de célébrer le jour des Français.

« Putain, vous pourriez faire attention! », fusaient ici et là. 

©Marilyn Préfontaine