lundi 20 juin 2011

Parisien ou Français?


« Bonjour! », nous accueillit la dame à la réception de l’hôtel avec un immense sourire.

Nous avions décidé de prendre un petit week-end de vacances en Alsace.

Même si le check-in était seulement dans trois heures, nous avions choisi de nous risquer. 

Un peu craintive à l’idée de me faire répondre abruptement, je demandai avec un ton de supplication :

« Je sais que nous ne sommes pas encore à l’heure du check-in, mais pouvons-nous déposer nos bagages? »

J’effectuai un mouvement de recul, comme par réflexe de protection. Je fermai un œil et penchai la tête sur le côté en attendant la réaction.

« Mais bien sûr! », répondit-elle chaleureusement.

Quoi?

 « Je vais même vérifier si votre chambre est prête », ajouta-t-elle sous mon air ébahi.

Je ne savais pas si je faisais face à de l’ironie ou à un véritable acte de gentillesse. Il s’avéra que c’était la seconde option, puisque cinq minutes plus tard, je montais dans l’ascenseur, bouche bée avec ma carte en main.  

Eh ben dis donc!

Puis, la surprise continua au restaurant alors qu’on prit le temps de nous accueillir amiablement, de nous conseiller sur les plats sans montrer de signe d’exaspération et même de nous regarder en prenant la commande; ce que je n’avais pas vécu depuis un bon moment!

C’est à ce moment que je pris conscience qu’il y avait une véritable distinction à faire entre le Parisien et le Français. Le Parisien est une espèce à part entière. Pressé, stressé, continuellement sollicité, il en vient à n’avoir plus aucune patience ni tolérance. Le Français, lui, est très capable de gentillesse et de politesse. Quel soulagement!

Bien sûr, j’arrivais à comprendre comment le Parisien en venait à cette attitude. J’avais commencé moi aussi à démontrer de plus en plus de signes d’impatience.

En après-midi, nous décidâmes de nous arrêter sur une terrasse. Je repérai une table vide et m’y approchai. Au moment où j’allais m’installer, une dame à côté de moi m’interpella.

« Désolée, j’attends des gens qui prendront cette table. »

Je soupirai instinctivement, roulai les yeux et pris la table tout juste à côté.

Au moment où je m’assis, je croisai le regard de la dame qui me regarda avec un sourire sincère.

« Merci beaucoup, c’est gentil. »

Aucune arrogance, aucune impatience, simplement une véritable reconnaissance alors que je venais d’être odieuse.

Et vlan!

Tout à coup, je me rendis compte que j’allais avoir grandement besoin d’une rééducation avant de retourner chez moi! 

©Marilyn Préfontaine