lundi 13 juin 2011

Comme une odeur de…


« Pouah! »


Je pris une grande respiration et entrai dans le métro Madeleine où flottait une abominable odeur d’urine forte comme on en retrouvait ici et là dans le métro parisien. Malheur à moi en plus, je devais me rendre jusqu’à la ligne 14 où je ne savais pas pourquoi, régnait toujours une odeur terreuse, voire de souffre.

Alors que la vue était grandement sollicitée à Paris de par toutes ses lumières étincelantes, que l’ouïe était constamment réclamée par les joueurs d’accordéon et de guitare, que le toucher était au paradis avec les milliers de boutiques qui envahissaient les rues et que le goût avait trouvé son royaume absolu au pays de la gastronomie, l’odorat, elle, était la seule à ne pas y trouver son compte.

Autant mon nez se réjouissait chaque fois qu’il croisait une boulangerie dégageant des effluves de pains chauds et de pâtisseries sucrées, autant il aurait préféré être hors fonction lorsqu’il croisait une flaque « d’eau » quelque part dans le métro.

Peu importe où j’allais, mon nez n’arrivait pas à trouver le repos.  

Il était mis à l’épreuve chaque fois que j’allais à l’épicerie et que je devais emprunter l’immense allée remplie de fromages pour aller me chercher une petite bouteille de lait tout au fond. Mes papilles, elles, aimaient bien leurs saveurs, mais mon odorat avait encore en mémoire l’odeur qui avait flotté pendant plus d’une semaine dans notre petit 25m2 carré lorsque j’avais acheté une petite meule de camembert.

Mes narines redoutaient aussi par-dessus tout les vapeurs qui s’échappaient chaque fois que je croisais une bouche d’égout. Et dire qu’elles ouvraient leurs portes aux visiteurs… à moins que le pince-nez ne soit fourni avec le billet d’entrée, il était hors de question que j’y mette les pieds.

Mon cas ne s’arrangea pas lorsque j’entrai dans le métro bondé.

Serrée entre tout un tas de gens, je pouvais très bien distinguer l’odeur de « swing » de l’homme tout en sueur qui se tenait à mes côtés. Dégoutée, je me retournai pour n’avoir rien de moins qu’une vague de l’haleine loin d’être fraîche qui sortait du jeune homme qui était engagé dans une grande discussion avec sa comparse!

Je sortis en courant du métro, toute rouge, en quête d’un peu d’air frais. Je ne pus prendre que quelques respirations avant qu’une nouvelle odeur nauséabonde fasse son entrée dans mes narines. Devant moi, se tenait un marché d’où émanaient des effluves de poissons et de crustacés.

Beurk…

Je me redressai la tête et aperçus 7 lettres noires qui allaient me sauver : 

SEPHORA

J’y entrai et m’aspergeai du premier échantillon de parfum à portée de main.

 Aaaah enfin!

J’en avais mis une suffisamment grande quantité pour m’envelopper de cette odeur une bonne partie de la journée.

Soulagée, je regardai plus attentivement la bouteille qui se tenait dans mes mains, puis compris pourquoi le vendeur me regardait avec un sourcil relevé.

Dior…pour hommes!

©Marilyn Préfontaine