lundi 27 juin 2011

Circulez!


« Pauvre conne! », cria spontanément un automobiliste à travers sa fenêtre baissée à l’attention d’une femme en vespa qui venait de lui couper le chemin.

J’adorais ces petites promenades à pied qui me permettaient d’observer cette fascinante créature qu’était le conductous parisiennus omosapius.

Impatient, peu courtois et pressé, voilà les observations que j’avais pu noter.

Chaque fois que je sortais, je remerciais le ciel de la localisation de mon appartement qui me permettait de me déplacer facilement partout dans la ville.

Moi qui aimais plutôt conduire au Québec, j’aurais refusé de me retrouver derrière un volant, même si on m’avait offert une Ferrari. Même les Vélib’ me paraissaient un moyen de locomotion dangereux. Mes deux jambes et le métro, voilà ce qui me suffisait amplement!

Je ne pouvais quand même m’empêcher d’admirer le courage de tous ces gens qui osaient prendre leur voiture chaque matin pour traverser Paris à coups de klaxons et d’injures, le tout en tentant d’éviter la marée de gens qui s’engouffraient dans les rues à n’importe quel instant et les motocyclistes qui zigzaguaient entre les voies. 

Bien qu’ils étaient très peu à respecter les règles de conduite élémentaires, je n’avais autre choix que de leur lever mon chapeau. Et que dire de mon admiration envers les chauffeurs de taxi et les conducteurs d’autobus qui passaient leurs journées entières dans cette jungle infernale. Il m’arrivait donc, par compassion, de laisser passer de temps en temps une voiture à une intersection. Quelle surprise de voir que les rôles étaient ici inversés et que le conducteur me remerciait d’un signe de tête!

Au cas où une certaine partie de moi aurait eu une soudaine envie de cette expérience extrême, je n’avais qu’à me rendre à l’Arc de triomphe pour que tout goût de conduite s’estompe en quelques secondes. La vue de tous ces «chars » qui tournent en rond en tentant de se frayer un chemin sans ligne pour les guider me donnait instantanément un mal de tête.

Se stationner était aussi un art, quoique l’action nécessitait moins de précision qu’en terre américaine. Les « pare-chocs » remplissaient ici tous leur ultime fonction qui consistait à encaisser les coups de la voiture du devant et de celle de derrière, nécessaire pour se frayer une place ou pour en sortir. Conserver une voiture sans égratignure en sol parisien m’apparaissait comme une mission impossible.

Au moins avec le métro, je n’avais pas besoin de me soucier de la consommation d’alcool, de trouver un stationnement et il m’était impossible de perdre mes clés. Vraiment, le métro était parfait pour moi.  

J’entrai dans la station la plus proche et tentai de m’engouffrer dans le tourniquet pendant qu’autour de moi rugissaient les soupirs d’impatience, les coups de coude pressés et qu’un homme peu courtois décida de passer en même tant que moi…

Finalement; impatient, peu courtois et pressé, voilà comment était tout court le parisiennus omosapius.

©Marilyn Préfontaine