lundi 2 mai 2011

Invasion québécoise


« Check la statue, est full hot. Passe-moi l’Kodack. »,  entendis-je au loin.

Un Québécois. 

Depuis quelques semaines, mes oreilles se dressaient plusieurs fois par jour alors qu’elles discernaient ces bribes d’accent familier. Le printemps, c’était LA saison par excellence du Québécois à Paris.

Je devais l’avouer, ce petit accent bien de chez nous était toujours réconfortant à entendre.  
Mais même sans parler, j’étais parfois capable de reconnaître mes semblables simplement en les regardant. Et pas seulement ceux qui portaient un chandail ou une casquette des Canadiens! C’était possible en observant la physionomie du visage, la démarche aisée, la posture dégagée, le sourire détendu, les yeux pétillants et la chaleur qui se dégageait d’eux.

Chaque fois, un sentiment d’appartenance jaillissait en moi et je me demandais à si je ne devais pas les aborder.

Pour leur dire quoi? « Bonjour! J’suis Québécoise moi aussi! »

Non... j’étais après tout ici pour apprendre une nouvelle culture et me dépayser. J'en verrai bien assez autour de moi à mon retour. 

Je préférai donc jouer les Parisiennes et je continuai mon chemin.

J’entrai dans le métro et attendis sur le quai en regardant les publicités de l’autre côté de la trame et l’une d’elles attira mon attention : 

Lynda Lemay en concert

Eh ben!

J’embarquai dans le wagon et pris un siège sur le bord d’une fenêtre.

Le train s’arrêta à la première station et une grande affiche annonçait : Véronique Dicaire. Puis tout juste à côté : n’était-ce pas une publicité pour la tournée de Stéphane Rousseau?

Bon...décidément, les Québécois avaient pris leurs aises à Paris. 

Je descendis du métro et m’arrêtai quelques instants aux kiosques à journaux. Que vis-je sur la première page d’un magazine à potins : l’ambassadrice québécoise par excellence, Madame Dion!

Géritol!

J’entrai finalement dans une boutique pour faire mon shopping de vêtements d’été. Je farfouillais dans les allées à la recherche d’une petite robe soleil quand je me surpris à fredonner la mélodie qui jouait dans les haut-parleurs du magasin : Cœur de pirate!

Mautadine!

Vu le soleil éclatant, je décidai de marcher pour revenir jusqu’à l’appartement. J’avançais tranquillement quand j’aperçus sur un écran plasma au fond d’un petit café branché, un vidéo clip mettant en scène un visage familier : Corneille!

C’était une véritable invasion! 

J’entrai à l’appartement, mon copain était affalé devant la télé.

« Qu’est-ce que t’écoutes? »

« Les Bougons »

« Quoi? »

« Ben oui, ils les ont repris en France, c’est tordant! »

Ciboire!

©Marilyn Préfontaine