lundi 23 mai 2011

Changer le vingt en eau


 « Et puis, c’est vrai? », me demanda une amie à l’autre bout du fil. 

« Quoi? Qu’ils ne se lavent pas tous les jours? », lui répondis-je pour me moquer d’elle.

Il y avait tellement d’idées préconçues sur les Français qui s’étaient répandues à travers le Québec qu’à chaque fois que je téléphonais à un ami, c’était inévitable; on me demandait d’en confirmer au moins un.

« Ben non, que l’eau est plus chère que le vin? »

Hum… Difficile à dire.

Une chose était certaine, le vin était beaucoup moins cher qu’au Québec où trouver une bouteille en bas de 15 $ relevait du miracle. En France, il était possible de se procurer un vin pour moins de 3 euros aussi bien qu’avec 3 zéros.

L’alcool était aussi plus accessible, il était facile de trouver porto, vodka ou whisky à même le supermarché. J’avais même déjà vu des bouteilles de champagne sur les étalages d’une boulangerie-pâtisserie un peu chic. La croyance voulant que les Français soient de grands consommateurs de vins, elle, était vraie. Il était même possible de se procurer des minibouteilles dans certaines pizzérias et plusieurs fast-food.  

Mais la fourchette de prix de l’eau était, elle aussi, assez vaste. 

Je l’avais constaté lorsque j’étais entrée dans une grande épicerie de Paris. Curieuse, j’avais sillonné les allés infinies, toutes garnies de produits exotiques, luxueux ou tout simplement farfelus.

Dans la section réservée aux boissons, je n’avais pu m’empêcher d’éclater de rire quand mes yeux s’étaient posés sur l’étiquette collée sous une grande rangée de bouteilles d’eau.

« 20 euros! Pour UNE seule bouteille? », s’exclama mon amie quand je lui racontai ma découverte. 

La personne à l’origine de cette rumeur transatlantique devait donc sans doute avoir fréquenté ce type d’endroits où dans ce cas, oui, l’eau pouvait être plus chère que le vin. Mais règle générale, il était quand même possible d’obtenir une bouteille de 1,5 Litre d’eau en épicerie pour moins d’un euro. 
Dans les restaurants, les prix du vin comme de l’eau grimpaient un peu. Mais en demandant seulement « de l’eau », une question suivait automatiquement :

« Plate ou pétillante? ».

À moins bien sûr de la commander en carafe.

L’eau était tout à fait potable, bien que remplie de calcaire. Il suffisait de voir la vitesse à laquelle les vitres de notre douche s’en remplissaient pour le constater.

Même si je préférais nettement l’eau en bouteille et que je me laissais souvent tenter par les bulles, je n’avais aucun problème à boire l’eau du robinet… pourvu qu’elle ne provînt pas de la Seine!

©Marilyn Préfontaine