lundi 18 avril 2011

Promenade en deux temps


Québec, province du Québec, Canada, un samedi d’avril 2010, 14 h


« Je vais prendre une marche! »

Je sors de la maison en coton ouaté et en espadrilles de sport.

Je laisse la porte déverrouillée, mon amoureux est à l’intérieur.

Le soleil est radieux. Le ciel est bleu éclatant.

J’entre à nouveau.

« Je vais mettre un coat finalement. »

 Il fait froid. Je regarde mon écharpe qui pend sur le cintre.

 « Pis mon foulard ».

« En avril, ne te découvre pas d’un fil », m’annonce mon chum, comme si c’était une révélation.

« Je sais, il fait 8 degrés ».

Je sors de l’entrée où est parkée ma voiture et tourne à droite dans la rue de notre quartier résidentiel de banlieue.

Autour de moi, des maisons de couleurs et de grandeurs différentes, tout éloignées de quelques mètres par une surface de gazon. Sur les terrains, des spots de neige ici et là. 

Je marche environ un demi- kilomètre. Je croise une première personne.

Une femme promène un bébé dans une grosse poussette. Je regarde le petit, il est cute!

Je lui fais un sourire, puis regarde la maman, elle me le rend.

Je poursuis. J’arrive devant le parc du quartier. Deux enfants s’amusent tranquillement dans les balançoires.

Je passe devant le dépanneur, je vais m’acheter une bouteille d’eau.

Je remonte par une autre rue.

J’arrive dans le quartier voisin. D’un côté, je vois les montages. De l’autre, des maisons.

Un autobus de la ville passe à quelques pouces de moi en manquant m’arroser. Il transporte quatre passagers.

Je croise un couple dans la cinquantaine qui promène un chien. Je les reconnais, ils habitent à quelques maisons de chez moi, je crois.

Ils me font un petit hochement de tête et lancent un timide « Bonjour, belle journée! », que je leur rends.

Non, ce n’était pas eux.

Je bifurque par un sentier dans le boisé.

Je reviens chez moi, 15 h.

« Pis, c’était l’fun ? »

« Super ! »

Paris, Île-de-France, France, un samedi d’avril 2011, 14 h


« Je vais me balader ! »

Je sors de notre minuscule appartement avec mon manteau noir, mes nouveaux jeans et mes talons hauts.

Je verrouille les triples loquets de la porte, mon amoureux est à l’intérieur.

J’aperçois quelques rayons de soleil par-dessus les immeubles. Le ciel est bleu éclatant.

J’entre à nouveau.

« Je vais enlever mon manteau finalement. »

 Il fait chaud. Je regarde ma petite chemise à manches courtes étendue sur le support.  

 « Et mettre une chemise».

« En avril, ne te découvre pas d’un fil », m’annonce mon copain, comme si c’était une révélation.

« Il fait 22 degrés ».

Je sors de la cour intérieure où se trouve une rangée de vélos stationnés et tourne à droite dans la rue de notre arrondissement en plein cœur de la ville.

Autour de moi, des immeubles presque tous identiques, mais avec une architecture magnifique, collés les uns sur les autres. Sur le sol, quelques déchets ici et là.

Je fais deux pas. Une dizaine de personnes avancent sur le trottoir. Malgré tous mes efforts, je ne peux m’empêcher d’effleurer leurs épaules.

Une femme promène un bébé dans un carrosse Dior. Je jette un regard rapide au bambin, il est mignon!

Je continue mon chemin.

Je poursuis. J’arrive devant un jardin. Une dizaine de gamins s’amusent dans le carrousel, cinq autres font avancer des petits bateaux électriques dans la grande fontaine, d’autres font une balade en poney et une vingtaine s’amusent dans les glissoires et balançoires.

Je passe devant une dizaine de boutiques, sept restaurants, cinq cafés et trois boulangeries. Je vais m’acheter un pain au chocolat. 

Je remonte par une autre rue.

J’arrive à place de la Concorde. D’un côté, j’aperçois une partie du Louvre, de l’autre la Tour Eiffel.

Je sens les vibrations du métro qui passe sous mes pieds. La bouche est à quelques mètres, une dizaine de personnes en sort et la même quantité y entre.

Je croise au moins la cinquantième personne qui promène son chien aujourd’hui, mais celui-ci, je le reconnais. Il habite dans mon immeuble, je crois.

Il continue son chemin devant moi.

Oui, c’était bien lui.

Je bifurque par les Champs-Élysées.

Je reviens chez moi, 15 h.

« Et puis, c’était sympa? »

« Génial! »

©Marilyn Préfontaine