lundi 11 avril 2011

En colonie de vacances…


« Non, mais moi je n’ai que le mercredi, le vendredi et le dimanche de congés », se plaignit une jeune fille dans le métro.


Son copain la regarda avec de grands yeux compatissants. 

Elle avait raison. 

Seulement trois jours de congé par semaine, il y avait de quoi s’indigner!

Quand mon copain avait signé le contrat de travail et qu’il avait lu au bas de celui-ci : 5 semaines de vacances, il avait d’abord cru à l’erreur. 

« C’est peut-être un extra offert aux détachés pour nous laisser le temps de voyager? », avais-je supposé naïvement.

Ça, c’était avant de comprendre que c’était tout simplement les normes françaises.

« Deux semaines! », avait répété Daphné, une amie française, avant de manquer s’étouffer dans son verre de Martini lorsque je lui avais parlé du marché du travail québécois.

« Laisse tomber! Je reste ici! », avait-elle conclu en avalant une gorgée de plus belle.

Il est vrai que 10 jours sur une année complète, c’est bien peu. Mais c’est ce dont une grande majorité de Québécois doit se contenter chaque année afin de s’évader un peu sur les plages des États-Unis ou d’Amérique du Sud.

Mais attention, les Français, eux, n’allaient pas se satisfaire de cinq petites semaines, il y avait aussi tous les congés fériés. Normal, m’étais-je d’abord dit. Mais ça, c’était avant de découvrir les ponts.

« Ben ouais, ça, c’est quand un férié tombe le jeudi ou le mardi par exemple. Tu ne vas quand même pas entrer travailler juste pour une journée avant ou après le week-end », m’avait expliqué Daphné, comme si c’était une évidence. 

« Ah non? », avais-je répondu, incrédule. 

Et ça, c’était sans compter les RTT…

« Ça veut dire réduction du temps de travail », me renseignait-elle. 

Bien sûr!

Il fallait que je raconte ça à mes amies, elles n’en croiraient pas leurs oreilles et je pariais que d’ici la fin de la semaine, elles auraient toutes commencé des démarches pour obtenir un visa de travail français.

« Ça permet aussi aux femmes qui ont des enfants de prendre congé le mercredi. »

Je ne savais pas si c’était les deux mojitos que je venais de boire, mais je ne voyais pas le lien entre le mercredi et les enfants. 

Devant mon regard interrogateur, elle poursuivit son explication.

« Les enfants n’ont pas cours le mercredi! »

Évidemment!

J’imaginais déjà mes petits neveux sauter de joie si ça leur était donné. N’était-ce pas là le rêve de tout petit québécois? 

Daphné regarda sa montre. 

« Déjà 20 h, je dois filer, je dois passer prendre ma sœur après le travail. »

20 h… il était vrai que malgré leurs nombreux congés, les Français sortaient quand même généralement tard du bureau. 

Elle ramassa sa veste.

« C’est sa dernière journée. Elle commence son congé parental aujourd’hui. »

« Super! Tu auras plein de temps à passer avec elle. » 

Elle songea un instant. 

« Ah, je ne crois pas, non. Deux mois, ça passe assez vite. »

« Deux mois! », m’exclamai-je en recrachant une feuille de menthe dans mon verre. 

Bon, nous n’étions pas si mal au Québec, finalement… *

* Le congé parental au Québec est d’une durée d’un an.

©Marilyn Préfontaine