lundi 14 mars 2011

Péril en la demi-heure!


En ce bel après-midi de printemps, alors que le soleil était sorti de sa cachette et réchauffait tous les passants, j’avais décidé de sortir pour à peine une petite demi-heure, question de m’aérer l’esprit. L’atmosphère était plutôt calme sur Paris et j’étais persuadée que cette petite balade improvisée me ferait le plus grand bien.


Je me promenais doucement, le sourire aux lèvres, la tête dans les nuages en songeant à l’été qui allait bientôt s’installer quand…

 « Putain! Mais ça va pas la tête! », hurlai-je à la voiture qui venait presque de me happer. 

J’étais folle de rage!

Je regardai devant moi : le signal piéton était bien allumé en VERT. Ce qui signifiait, si ma mémoire était bonne, qu’on pouvait normalement avancer sans danger, et ce, j’étais presque certaine, dans tous les pays du monde.

Mais, c’était à moi que j’en voulais le plus, car je m’étais laissée emporter par la température clémente et j’en avais oublié les bases rudimentaires de la survie lors d’une balade à Paris : regarder en tout temps autour de soi. Je le savais pourtant très bien; une marche dans la ville n’avait rien d’une promenade de plaisance, c’était à peu de choses près,  un sport extrême.

Je réussis quand même à reprendre mes esprits. Après tout, ce n’était pas la première fois que ça m’arrivait. C’était tellement courant ici, qu’aucun piéton autour de moi n’avait sourcillé ou ne m’avait même demandé si j’allais bien.

Je continuai donc tranquillement en décidant de rester bien concentrée sur ce qui se passait devant moi. Je n’allais plus mettre ma sécurité en jeu, fini les rêveries! Je regardais donc l’architecture des bâtiments devant moi, ils étaient si beaux. J’étais en train de me demander à quel prix exorbitant pouvaient bien être ces logements si idéalement situés lorsque…

Vroaaar!  Vroaaar!  Vroaaar!  

Voilà! C’était maintenant derrière moi que ça se passait! 

Je me retournai et j’aperçus un motocycliste perché sur sa moto à quelques centimètres à peine de mes talons, qui s’impatientait afin que je le laisse passer. Je me tassai sur le côté en soupirant...

J’étais aussi habituée à ce cirque, car en tant que piétonne parisienne, il fallait savoir partager le trottoir avec tout un tas d’amis : les chiens en laisse, les motos, les scooters, les trottinettes, les rollers, parfois même les SMART ainsi qu’avec les milliers de touristes qui envahissaient la ville alors leurs cartes déployées sans parler des immenses valises et des poussettes de marché!

Avec une pointe d’optimisme ou encore de masochisme, je ne le savais plus, je décidai de poursuivre ma promenade. Je tournai dans une petite rue moins bondée où j’allais sans doute être moins bousculée et enfin relaxer un peu.

 La rue était charmante, il y avait quelques petits cafés, un coiffeur et un Alimentation générale. Je débouchai bientôt sur une grande artère et aperçus une librairie qui piqua ma curiosité. J’y entrai et comme cela se passait toujours lorsque je pénétrais dans ce type d’endroit, je ressortis une heure plus tard avec un sac et deux nouveaux bouquins en poche que j’allais pouvoir ajouter à la pile sur ma table de nuit, même si je savais pertinemment que je ne trouvais jamais assez de temps pour lire tout ce que je me procurais.

Mais en sortant, le paysage avait changé. Il y avait de la musique au loin et des voitures de police aux quatre coins de la rue, bloquant ainsi le passage. J’étais prise au piège! Impossible de rentrer chez moi. Devant moi, s’avançait un flot interminable d’étudiants brandissant des affiches. Ils semblaient, de toute évidence, s’adonner à l’une des activités parascolaires les plus populaires, et cela n’avait rien avoir avec la température particulièrement agréable de ce jour-là bien sûr : la manif!

Je fis ni une, ni deux et entrai à nouveau dans la librairie.  Je m’installai dans un coin et commençai à lire un des livres que je venais de me procurer en tentant finalement de me relaxer un minimum de cette balade qui avait été tout, sauf reposante….

©Marilyn Préfontaine