lundi 10 janvier 2011

Goûtons voir si le vin est bon...

« Un peu de champagne Mademoiselle? »

Je calai le contenu de ma coupe emplie d’une bonne quantité de Chateauneuf-du-Pape millésimé, puis la tendis à la dame, les joues rouges comme des tomates.

Je n’avais pas gagné à la Lotto.

Je n’étais pas devenue célèbre avec une quelconque téléréalité et non, je n’avais pas hérité de la fortune d’une grande tante oubliée.

J’avais tout simplement sorti à peine quelques euros de ma poche et payé un billet d’entrée pour pénétrer dans le plus immense des salons de vins que je n’avais jamais visités! 

Et je n’étais pas la seule…

Les allées infinies débordaient de curieux, de professionnels, de consommateurs traînant un nombre impressionnant de caisses sur des petits chariots roulants et même parfois d’ivrognes titubants avec deux verres à la main. 

Munie de l’accessoire essentiel à tout bon dégustateur, soit un verre vide, j’avais donc commencé à arpenter les stands à la recherche de noms familiers : Alsace, Beaujolais, Bordeaux, Languedoc, Champagne… Chacune des 14 régions viticoles de la France comportait de nombreux représentants qui n’avaient qu’une seule phrase en bouche :

« Voulez-vous déguster? »

Après m’être arrêtée à quelques stands où j’avais pu discuter de la vie quotidienne de vigneron avec les propriétaires qui remplissaient généreusement ma coupe de liquides alcoolisés, ma tête tournait déjà. J’allais donc devoir me restreindre si je voulais être en mesure de prendre le bon métro pour revenir chez moi. Mais je ne pouvais tout de même pas consentir à recracher le contenu de mon verre dans les petites corbeilles placées devant les kiosques. J’en aurais éprouvé une trop forte culpabilité d’autant plus que c’était directement devant ceux qui y avaient consacré tant d’ardeur. 

Mes connaissances œnologiques n’étant que très peu élevées, je me contentais de commentaires empruntés aux chroniqueurs d’émissions matinales québécoises lorsque venait le fatidique :

« Qu’en pensez-vous? »

« Euh… très rond en bouche. ..la robe est…claire et les tannants…euh les tanins sont très présents. »

Devant le regard amusé du premier vigneron, je m’étais reprise :

« Il est vraiment bon! Super!»

Et je conservai cette formule pour le reste du salon. Elle était passe-partout, efficace et polie. 
Vers 14 h, je décidai que j’avais assez bu. Je rentrai chez moi et à l’heure du souper, j’ouvris une bonne bouteille… d’eau Perrier!  

©Marilyn Préfontaine