lundi 20 décembre 2010

Un compte de Noël


« 1000 euros!!!! », hurla mon amoureux avant de manquer s’étouffer. 

Nous venions de recevoir notre facture pour les achats de Noël. 

Je m’étais peut-être un peu emportée.  

À ma défense, Paris avait revêtu ses plus beaux habits en cette période des fêtes et je n’avais pu que me laisser transporter par cette magie. Toutes ces rues illuminées, ces sapins géants décorés, ces marchés de Noël enchanteurs et ces vitrines alléchantes… avaient fait en sorte que j’étais devenue presque incontrôlable. 

J’avais d’abord fait une première tournée sur les Champs Élysées. Un arrêt à la boutique Disney s’imposait pour mes neveux et un autre chez GAP pour un magnifique chandail destiné à papa. Ah et puis pourquoi pas un petit arrêt chez Sephora pour gâter maman.

Une heure plus tard, je savais que notre carte de crédit conjointe atteignait déjà un solde faramineux, mais il en restait tant à acheter encore…

Je quittai donc la célèbre avenue pour me diriger tout droit vers les portes de l’enfer : les Galeries Lafayette. Centre du monde aux yeux de certains Parisiens, ce Grand Magasin est un lieu à éviter si votre limite de crédit souffre déjà.

En arrivant sur place, l’extérieur de l’établissement était déjà un spectacle pour mes yeux. Les milliers de petites ampoules semblaient m’attirer comme un aimant vers les portes tournantes qui allaient m’engloutir dans cette marée humaine composée d’individus tous en quête du cadeau parfait.

Tel un zombie avançant droit vers sa proie, je me dirigeai vers l’entrée du magasin, mais quelque chose me dévia de ma trajectoire : des dizaines et des dizaines de personnes étaient attroupées devant les vitrines animées. Des couleurs, des formes, de la musique, tout était mis en place pour vous dire… entrez voir la magie! Je regardai le spectacle quelques instants, souriante comme tous les enfants autour de moi qui pointaient les nounours et poupées s’activant dans leur cage de verre.

Je tentai un instant de me ressaisir… avais-je besoin de faire autant de cadeaux? L’amour que j’ai à offrir ne devrait-il pas être suffisant? Je me questionnais sur le vrai sens de Noël et me remémorais toutes les petites morales prémâchouillées des contes d’hiver quand mes yeux se rivèrent sur le plus immense des sapins de Noël que je n’avais jamais vu…Là, je n’avais plus le choix, je devais entrer. Au moins juste pour l’admirer, quitte à fermer les yeux en passant devant les stands Gucci et Chanel.

Deux heures plus tard, je ressortis avec des paquets pleins les bras. J’avais craqué.
Mes parents et mes amis avaient-ils réellement besoin de tout ce que je leur avais acheté? Non. Serait-il plus heureux une fois qu’ils auraient déballé tous ces présents? Non. Étais-je enchantée de leur offrir ces cadeaux, de partager un instant spécial avec eux? Oui. C’était tout ce qui comptait.

« L’an prochain, nous ferons une pige! », lançai-je à mon copain pour me déculpabiliser avant de courir me cacher.

©Marilyn Préfontaine