lundi 13 décembre 2010

« Fast » food !


« Je vais prendre six chicken mcnugets en menu, s’il vous plaît », commandai-je à la caissière du McDonald’s. 

Je ne pouvais pas croire que je venais de faire cela.

Pas commander des croquettes, non, ça je pouvais me le permettre avec ma ligne, mais demander le tout dans un pseudoanglais tout en prenant un accent forcé français, ça, c’était limite. 

C’était toutefois le prix à payer pour pouvoir savourer de délicieuses et tendres pépites de poulet.

Sur le panneau lumineux derrière le comptoir, on pouvait lire : Happy meals, Mcchicken, Filet-o-fish, farmer salad, deluxes potatoes...La première fois que j’avais mis le pied dans un MAcdo comme ils l’appelaient ici, j’avais cru un instant me retrouver dans un quartier anglophone de la Ville lumière. À mon grand désarroi, c’était comme ça dans tous les restaurants soi-disant rapides de Paris.

J’avais donc compris assez rapidement qu’il était quasi impossible de commander dans la langue du pays quand il s’agissait de « fast-food », concept typiquement américain auquel les Français semblaient d’ailleurs avoir de la difficulté à se conformer. Pour la partie « food » ça allait, mais le côté « fast », certains ajustements paraissaient encore nécessaires.

En effet, obtenir une commande en moins de 10 minutes relevait plutôt du département des rêves que de celui de la réalité. Dans les heures d’affluence, il faut d’abord tenter de se rendre à la caisse en essayant de se frayer un chemin parmi tous les autres clients se bousculant comme dans un concert rock, à croire que Bon Jovie est derrière le comptoir. Leur incapacité à former une « queue » bien droite m’avait toujours étonnée. Ensuite, il faut tenter de déchiffrer seul le menu, car même le dernier Harrap’ s n’est pas d’un grand secours dans cette situation. Puis, il suffit de poireauter pendant que les employés s’activent tranquillement, sans aucune pression, à préparer votre repas.

J’avais fait les mêmes constatations lorsque j’étais entrée dans un Subways. Instinctivement, j’avais demandé :
« Un 6 pouces, steak et fromage, pain italien spécial en trio avec les biscuits, svp. »

Le commis était resté complètement de marbre, tout comme si je lui avais fait une mauvaise blague.

J’avais donc décidé de jeter un œil au gros tableau expliquant les étapes à suivre pour bien commander, que tous les autres clients du restaurant étudiaient d’ailleurs avec sérieux.  

Quelques instants plus tard, j’avais donc pu recommander le même sandwich, mais dans un dialecte qu’ils allaient maintenant comprendre : un 15 cm, steak and cheese, pain italien copieux  en menu avec les cookies. 

« Et comme boisson? », me demanda la caissière du Macdo. 

« Du thé glacé, s.v.p. »

« Pardon? », me répondit-elle, étonnée. 

Ah, c’est vrai…

« Un Ice tea »

©Marilyn Préfontaine