lundi 15 novembre 2010

Bonjour docteur!


« Bonjour, j’aimerais prendre un rendez-vous, s’il vous plaît », demandai-je, anxieuse au téléphone. 

Cela faisait bientôt deux semaines que mon œil droit était tout rouge. Il me démangeait et l’irritation devenait de plus en plus intense. Chaque jour, je me disais que si ce n’était pas mieux le lendemain, j’allais voir le médecin. La vérité était que je ne savais pas vraiment comment fonctionnait le système de santé français et j'avais l'impression que ce serait compliqué! Mais en me regardant dans le miroir ce matin là, je compris qu’il était temps de faire quelque chose : je ressemblais maintenant à Rocky Balboa après un combat!

Je décidai donc de faire ce que le commun des mortels fait dorénavant dans ce millénaire lorsqu’il a un problème de santé : j’ai tapé mes symptômes sur GOOGLE. 

YEUX ROUGES QUI PIQUENT

Je suis donc tombée sur des forums peu sérieux, puis sur d’autres sources un peu plus fiables. Plus je lisais, plus mon cœur battait fort : conjonctivite, chalazion, blépharite, glaucome… Mon Dieu, je n’avais plus qu’une seule question : allai-je perdre mon œil? Prise de panique à l’idée de devoir porter un œil de verre pour le reste de mes jours, je m’étais donc ruée sur le téléphone. 

« Oui, bien sûr à 11 h, ça vous convient? », me répondit la réceptionniste du cabinet médical. 

Je manquai tomber de ma chaise. Je regardai ma montre : 10 h. Ça alors! Moi qui dois appeler au minimum un mois à l’avance pour prendre rendez-vous avec mon médecin de famille qui me suit depuis au moins 20 ans. Quel était donc leur secret?

Je me préparai rapidement, puis marchai jusqu’au cabinet qui n’était qu’à quelques coins de rue de chez moi. De l’extérieur, il s’agissait d’un bâtiment comme les autres, mais une plaque en or indiquait le nom du médecin. J’entrai, puis je pris l’ascenseur jusqu’au 4e étage.
 Lorsque les portes s’ouvrirent, je me demandai si j’étais au bon endroit.
Le lieu était plutôt chic, il y avait une grande fenêtre avec une magnifique vue sur la ville. Dans la salle, on retrouvait tout au plus 4 chaises, une petite table et bien sûr, une pile de magazines. Je devais donc être au bon endroit. Un seul détail clochait : il n’y avait personne dans la salle d’attente. Une porte était fermée et j’entendais quelques bribes de la conversation…
« Aux pieds… douloureux… depuis deux jours… »

Je pris un magazine de la pile, étonnamment il s’agissait bien de celui du mois de novembre, de cette année! 

Quelques minutes après mon arrivée, la porte s’ouvrit et un homme dans la cinquantaine en sortit, boitant. 

Le médecin me sourit et me fit signe d’entrer. 

Je lui expliquai alors mon problème oculaire et il conclut rapidement qu’il ne s’agissait que d’eczéma. Le calcaire présent dans l’eau de Paris ou la pollution étaient deux causes possibles. Ouf, du moment que j’allais garder mon œil! Il me rassura et me prescrit alors une crème, puis me demanda si j’avais une carte vitale. Je savais que c’était trop beau… 

« Euh, non », dis-je visiblement gênée.
Je pensai au sort qu’on réservait aux gens qui n’avait pas leur carte d’assurance maladie au Québec : pas la peine de daigner se présenter à la clinique.  

« Pas de problème, alors ça sera 22 euros », me dit-il en griffonnant un reçu. « Vous pourrez en faire la réclamation à vos assurances ». 

Tout simplement. Comme ça. 

Je me dis alors que 22 euros était bien peu à défrayer pour éviter les heures d’attente interminables dans une salle d’attente miteuse, en compagnie de dizaines d’autres malades qui vous toussent dessus et par-dessus tout… à lire de vieux magazines de 1998. 

Il y avait peut-être quelques irritants à la vie parisienne, mais au moins mon œil, lui, cesserait de piquer rapidement.

©Marilyn Préfontaine