lundi 22 novembre 2010

Allons au marché!


« Tomates, 50 centimes le kilo! Qui veut des tomates fraîches? », cria la marchande, une grappe de tomates rouge vif à la main. 


Par un beau samedi matin ensoleillé, j’avais décidé de me lever plus tôt qu’à mon habitude, soit avant que la petite aiguille n’atteigne le chiffre 12, pour aller faire un tour au marché.
Tradition française par excellence, les marchés parisiens regorgent de produits tous plus alléchants les uns que les autres. Pratiquement chaque quartier en possède un, qui se déploie une ou deux fois par semaine. S’y installent producteurs de légumes et de fruits, poissonniers, bouchers, fromagers et quelques autres marchands de babioles. J’étais évidemment passée rapidement devant un de ceux-là, mais je n’avais jamais pris le temps de m’y arrêter, préférant nettement faire mes courses au Monoprix, qui ressemblait davantage aux supermarchés que je connaissais. 

Je me promenais donc doucement dans le marché situé dans mon arrondissement. Mes yeux ne savaient plus où regarder, mes narines frémissaient sous les bonnes odeurs, mon ventre gargouillait. J’étais tout juste en train de me demander pourquoi je n’étais pas venue plus tôt quand…

HORREUR!

Devant moi, suspendus par les pattes auxquelles étaient toujours rattachées les griffes, s’alignait une série de poulets parsemés de plumes. Bien sûr, je ne suis pas naïve, je sais bien que les poulets que j’achète au supermarché dans leur petit paquet de styrofoam blanc, ont déjà marché avant de se retrouver dans les comptoirs réfrigérés. Mais présenté comme ça, un samedi matin, sans rien dans l’estomac… c’était plutôt cru!

Je fermai les yeux, décidée à poursuivre ma visite quand même.

Je les rouvris quelques secondes plus tard, pensant avoir échappé à ces atrocités barbares. 

Puis, je regrettai amèrement de voir à nouveau la lumière du jour : 

Là, derrière le comptoir vitré, était disposée une langue d’une grosseur que je n’avais jamais osé imaginer! Elle était si grosse, que je pouvais clairement y distinguer chacune des papilles gustatives. J’avais déjà vu un bocal de langues de porc dans le vinaigre traîner dans le réfrigérateur familial lorsque j’étais petite, puisque mon père en mangeait à l’occasion à mon plus grand dégoût, mais cette langue-ci semblait provenir directement de la gueule d’un mammouth. 

Puis, mes jambes devinrent tout à coup toutes molles… Pensant avoir tout vu ce qu’il y avait de plus horrible, j’aperçu, trônant en plein milieu de la vitrine, une tête entière de cochon, détachée de son corps. Tout y était! Les oreilles, le museau, on distinguait même encore un peu de pelage. L’image était assez claire, on comprenait bien que les morceaux de chair et les sabots déposés à côté avaient tous un jour fait partie du même petit mammifère. 

Le cœur sur le bord des lèvres, je décidai que j’en avais assez vu… tant pis pour les légumes frais plus loin et l’étalage d’épices qui sentait bon, c’était beaucoup plus d’images que mon cerveau encore endormi ne pouvait emmagasiner. J’en aurais probablement pour quelques nuits à faire des cauchemars.
Je pris donc mes jambes à mon cou, sous le regard intrigué du boucher qui était justement en train de servir à une cliente, ce qui me semblait être les intestins de ce pauvre petit Babe. 

Je courus alors jusqu’au Monoprix le plus près et ce midi-là, j’optai pour une salade verte!

©Marilyn Préfontaine