lundi 18 octobre 2010

Le gentil p’tit Canadien!


« C’est de quel bord qu’il faut aller? », demandai-je à mon amoureux, alors que ça faisait au moins 10 fois, il me semblait, que nous passions devant la même statue en quête du bon chemin nous menant au Musée D’Orsay.

Un sourire illumina alors le visage du passant à côté de nous. Le même sourire auquel j’avais eu droit du serveur la veille au restaurant et du caissier au guichet du métro deux jours plus tôt. Depuis que nous étions arrivés, j’étais maintenant devenue maître dans l’art de le distinguer!

Il s’approcha doucement vers nous et commença joyeusement :

« Ah! Vous êtes… »

« Québécois, ben oui! », le coupai-je rapidement. « Non, on ne connaît pas Céline Dion personnellement, oui on aime le sirop d’érable et on dit « Tabarnaque » pas « Tébernacle »!, déballai-je tout d’un trait.

Ouf! C’était sorti! Ça faisait du bien! Bon, je savais qu’ils ne voulaient pas être méchants et qu’ils nous aimaient tellement, nous les gentils petits Canadiens, mais vous m’en reparlerez quand ce sera la centième fois que vous entendrez la même chose!

 Dès qu’ils perçoivent notre accent, leur regard s’illumine et ils s’empressent de nous informer qu’une de leurs tante, nièce ou cousine habite Montréal! Puis, soit ils nous racontent qu’ils ont visité le Québec en 1975, mais qu’il faisait très froid, soit ils nous partagent, pensant nous faire une fleur, que leur rêve est d’un jour visiter le Canada!

 « Ça doit être beau, les igloos ! », m’avait dit le vendeur en rêvassant, la semaine dernière, alors que je tentais simplement d’acheter un grille-pain.

Au début, je m’étais risquée à leur faire comprendre la différence entre un Québécois et un Canadien, puis je m’étais lassée…

La palme revenait assurément à notre voisine. Elle avait demandé le plus sérieusement du monde à mon amoureux un soir :

« Êtes-vous un humoriste ou un chanteur? »

On ne pouvait pas les blâmer, avec la tonne d’artistes qu’on leur exporte!

À chaque fois, nous essayions de nous défiler avant que la conversation ne tourne sur ce sujet, mais impossible ; ils se devaient absolument de nous parler de « l’été des Indiens»!

« Euh…c’est ben l’fun, mais j’allais vous dire que vous êtes dans la mauvaise direction. Le Musée D’Orsay, c’est par là», me répondit le passant avec un accent qui sonnait soudainement terriblement familier avant de prendre les jambes à son coup!

Oups…un Québécois!

©Marilyn Préfontaine