lundi 25 octobre 2010

La paix intérieure


Lundi 7:00 AM
Vroaaar...


« Mon Dieu! Il y a un arbre qui va nous tomber dessus! », criai-je tout en sueur en me réveillant ce matin-là.


« Calme-toi Chérie, c’est juste les réparations. T’as pas oublié, ils font des rénovations dans la cour intérieure aujourd’hui. Il y avait une note dans le hall».


« Ah, oui. Ça m’était complètement sorti de l’esprit ». 


Mais ça m'était rapidement revenu quand, en mangeant mes rôties et en buvant mon café ce matin-là, je remarquai que j’avais soudainement des spectateurs. Ils étaient là, cinq gars de la construction à me regarder par mon unique fenêtre. Et moi qui croyais qu’un appartement donnant sur la cour intérieure serait plus calme que côté rue! 




Mardi, 2 :00 AM
Clac! Clac! Clac! Clac!


Mon homme sursauta.


« Qu’est-ce qui se passe?»


« Rien, rien. Juste la voisine qui rentre et qui porte encore ses maudits talons hauts! Rendors-toi !»


C’était comme ça chaque nuit, ou presque.  Pourquoi nous n’avions pas pris ce magnifique appartement au 7e étage déjà? À cause de ce léger détail voulant qu’il n’y ait pas d’ascenseur? Allons!  Ce petit accroc me semblait tout à coup totalement insignifiant à côté de ce boucan qui se répétait sans cesse.


« Le rez-de-chaussée, ça va être pratique pour déménager! » Je m’entendais encore dire ça à mon amoureux lorsque j’avais déniché l’appartement. Bien sûr, il était vraiment beau, pratique, confortable et accessible, mais franchement je n’avais pas pensé que le rez-de-chaussée pouvait être aussi bruyant!


Le fait que les autres locataires passaient devant notre fenêtre en jetant immanquablement un regard à l’intérieur de notre appartement ne me gênait presque plus, mais le vacarme aux petites heures du matin…j’en avais marre!


Certains VRAIS citadins purs et durs vous diront qu’ils ne peuvent pas s’endormir sans entendre de bruit, qu’il est une nécessité pour eux.  Ils seraient servis ici!




Mercredi 3 :00 AM


Une incroyable lumière jaillit et nous réveilla tous les deux au même moment.


« C’est déjà le matin? », demanda mon jules encore tout endormi.


Je me redressai et constatai que la veille, nous avions oublié de fermer les volets et que nous avions simplement tiré les rideaux.


« Non, c’est quelqu’un qui vient d’ouvrir la lumière dans la cour. »




Jeudi 6:00AM
Pin Pon! Pin Pon! Pin Pon!


Et les sirènes qui s’en mêlent! Pourquoi pas! Après tout, un cerne de plus ou de moins en-dessous de mes yeux, on ne devrait pas y voir la différence.




Vendredi  5 :00 AM
Bong! Bing! Bang!


Un boucan infernal me tira une fois de plus de mon sommeil profond. Ah oui, c’est vrai, le vendredi matin…les poubelles.


Les légères réparations dans la cour intérieure qui ne devaient durer qu’une journée s’étaient éternisées toute la semaine. Et ils allaient reprendre de plus belle la semaine suivante à en juger par l’état dans lequel ils avaient laissé le chantier. Chaque matin, j’avais le plaisir de voir Paul, Pierre, Martin, Luc et Pierrot « travailler» devant mon unique fenêtre.




Samedi 4:00 AM
Ouin…Ouin….Ouin….


Gardons notre calme, le bébé de la voisine ne pouvait tout de même pas savoir que je venais juste de réussir à fermer l’œil. Il était trop petit pour comprendre que je venais d’entendre le récit complet de la peine de cœur de l’adolescente d’en haut que la copine avait décidé de venir rejoindre dans le hall, juste devant notre porte! Ce n’était pas de sa faute à lui, le bébé.



Dimanche 2 :00 AM


J’avais les deux yeux biens ronds…


Le silence…


Est-ce possible?


Je me retournai vers mon homme; il semblait lui aussi bien éveillé.


« Je n’arrive pas à dormir! »


« Moi non plus. »


Mon Dieu! Nous étions devenus de vrais citadins!


©Marilyn Préfontaine