lundi 27 septembre 2010

Les toilettes, svp!



« Excusez-moi, où est la salle de bain? », demandai-je.

« Pardon? », répondit le serveur, l’air visiblement surpris.

C’est à cet instant précis que je pris conscience de l’étendue de la barrière langagière qui se dressait entre le Québec et la France.

Comme une gifle en plein visage, je compris qu’on avait tout faux.

Mais pourquoi diable, dans un endroit public, appelons-nous cela une salle de bain, alors qu’on n’y trouve aucune baignoire? Ma foi, ils avaient raison!

Je réalisai alors que ce n’était sans doute que le début. Comme j’avais toujours habité dans mon Québec natal, il existait certainement bien des choses que je répétais comme ça, tout simplement parce que tout le monde le faisait, sans même m’interroger sur le sens réel.

J’avais alors repensé à l’histoire de l’ami d’une amie qui coupait toujours les extrémités de son jambon avant de le faire cuire. Un jour, quelqu’un l’avait questionné sur cette technique peu familière et il avait répondu :

 « Ma mère a toujours fait ça! »

Curieux, il en avait alors demandé la raison à sa mère qui lui avait répondu :

« Le jambon est trop gros pour mon plat ».

J’avais trouvé l’histoire bien drôle à l’époque, mais je réalisai que j’étais tombée moi aussi dans le panneau et que j’agissais machinalement, sans me poser de questions.

«  Vous voulez dire les w.c. (prononcé v. c.)? », m’interrogea le serveur d’un air hautain. « Ils sont au fond du couloir! »

Les w.c.? Comme dans « Water closet »?

Je compris alors que les Français avaient tout faux eux aussi. Pourquoi utilisaient-ils un mot anglais, alors qu’il en existait un dans leur propre langue?

En revenant de la salle de toilettes qui, j’en étais venue à la conclusion, me semblait être le terme le plus approprié, je passai ma commande.

« Je vais prendre un steak-frites, s’il vous plaît. »

« Quelle cuisson? », me demanda-t-il d’un ton las. 

« Médium», répondis-je automatiquement. 

« Pardon? »

Et ce n’était qu’un début…

©Marilyn Préfontaine